aux Délices 13 septb [1758]
Mon cher ami je vous regrette plus que le châtau d'Orbourg.
Comptez que je suis parti de Colmar avec douleur. J'ay été enchanté des bontez de Monsieur le premier président, de madame de Klinglin et de toutte sa respectable famille. Je vous supplie de leur présenter à tous mes respects. Ne m'oubliez pas auprès de Mr Debruges et de Monsieur l'abbé de Munster, je vous en supplie. Vous croyez bien que je n'oublie pas made Goll à qui j'ay donné la préférence sur touttes les dames de Colmar, et dont j'ay aporté le portrait à Lausane.
Voulez vous vous charger sérieusement parlant d'une bonne œuvre qui sera utile à cette belle? Il s'agirait de porter la tribu Goll à s'accomoder d'une somme certaine pour finir un procez très incertain, et qui peutêtre durera encor bien des années. Si vous portez ces plaideurs à se contenter d'une somme très modique, ils vous auront encor bien de l'obligation. Mr de Baufremont vous en aura aussi, et les deux parties vous devront des honoraires. Il faut saisir ce moment qui probablement ne reviendra plus. Soyez arbitre. C'est un métier plus beau que celuy de juge. Je vous écris un peu à la hâte. La poste presse. Je vous embrasse tendrement, vous et femme et enfans.
le suisse V