aux Délices près de Genêve 28 mars 1755
Je n'ai que le temps, mon cher ami, de vous mander que j'ai fait partir votre mémoire.
Votre dessein sans doute n'est pas qu'il soit présenté tel que vous me l'avez envoyé: vous ne prétendez pas obtenir une grâce éxtraordinaire du ministre, en lui disant qu'il suffit qu'une chose soit utile pour qu'on ne la fasse point. Il y a quelques autres douceurs qui pouraient aussi éffaroucher un peu le lecteur bénévole. Enfin le mémoire est parti: tout ce que je crains, c'est de m'adresser à Mr de Paulmy pour une chose qui dépend probablement du Chancelier, comme j'écrivis à Mr d'Argenson pour cette maudite Prévôté que Mr de Paulmy avait dans son département. Je ne me consolerai jamais de ce qui-pro-quo.
Mes tendres respects, je vous en conjure, à toute la maison Klinglin, et à made Dupont. Vous avez dans made Denis et dans moi deux amis pour la vie. Pardon de mon laconisme; je suis entouré de cinquante ouvriers: la terrasse de made Goll avait ses charmes, mais je suis ici un peu plus au large. Il ne me manque que de la santé et votre société. Je regrette bien nos petits soupers avec me Dupont.
V.