aux Delices 2 9b [1758]
Mon cher ami je reçois la cargaison des livres anglais sur les quels je n'avais plus compté.
J'avais fait venir, il y a six mois, les mêmes volumes de Londres. Les uns seront dans mon cabinet des Délices, les autres dans celuy de Ferney. On n'en saurait trop avoir; tous ces livres sont contre les prêtres.
A qui faut il que je paye? Je suis tout prest, et je vous remercie de tout mon cœur.
On est très irrité à Berne contre le ministre de Vévai ou de Lausane, auteur du punissable libelle inséré dans le Mercure suisse, et s'il est découvert, il portera la peine de son insolence.
Vous avez bien raison de plaindre notre ami Polier de Bottens qui a eu la faiblesse de se laisser gourmander par des cuistres après avoir eu la force de faire hardiment une bonne œuvre qui devait imposer silence à ces marauts. Je parle un peu en homme qui a des tours et des machicoulis et qui ne craint point le consistoire.
Vous n'êtes point venu aux Délices mais j'espère que nous vous possèderons dans le châtau de Ferney, et que je vous donnerai comme mr de Sotenville le divertissement de courre un lièvre. Mille respects à madame de Brenles. Bonsoir mon cher amy.
V.