aux Delices 2 décembre [1755]
Madame Denis mon cher monsieur est revenüe enchantée de vous et pénétrée de la bonté de votre cœur.
Elle ne me parle que de vous et de notre cher ami monsieur de Brenles. Il n'y a ny maladie, ny ordonance du docteur Tronchin qui tienne, il faut venir se mettre à Monrion entre les mains du docteur Tissot, dussai-je être disséqué comme mon pauvre ami Gies. Je compte écrire à mr de Brenles en vous écrivant. Je m'imagine que vous êtes assez heureux l'un et l'autre pour vous voir tous les jours. Quand pourai-je en faire autant? et venir enfin dans la petite retraitte où mon cœur m'appelait depuis si longtemps?
Croiriez vous qu'on imagine à Geneve qu'il y a eu un tremblement de terre en France comme en Portugal, parce que le courier des lettres a manqué aujourdui? Dieu nous en préserve. Les alpes sont un bon contrepoids aux secousses, elles sont en tout sens l'azile du repos.
Les protestans sauvez à Lisbonne et l'inquisition englouties ne sont pas l'effet des prières de st Dominique. Adieu Monsieur, adieu homme aimable et essentiel, jusqu'au moment où je pourrai renouveller à monsieur de Brenles et à vous, mes deux parains dans ma régénération du pays de Vaud, combien je vous aime et vous respecte.
V.