23e avril 1764 aux Delices
Quoique mad. de Pompadour eût protégé la détestable pièce de Catilina, je l'aimais cependant, tant j'ai l'âme bonne; elle m'avait même rendu quelques petits services, j'avais pour elle de l'attachement et de la reconnaissance, je la regrette, et mes divins anges approuveront mes sentiments.
Je m'imagine que sa mort produira quelque nouvelle scène sur le théâtre de la cour; mes anges ne m'en diront rien, ou peu de chose. Olympie est morte pour Versailles, et je pense que madelle Clairon veut l'enterrer aussi à Paris. Elle est comme César, elle ne veut point du second rang, et préfère sa gloire aux intérêts de sa patrie. Tout le monde doit se rendre à des sentiments si nobles.
J'envoie à mes anges pour leur divertissement, un petit extrait qui peut être inséré dans la gazette littéraire, pour laquelle ils m'ont inspiré un grand intérêt. J'espère que leur protection y fera insérer ce mémoire, quand même les auteurs auraient déjà parlé du sujet. Je me résigne à la volonté de dieu sur toutes les choses de ce monde, et particulièrement sur les droits des pauvres terres du pays de Gex. Je tremble d'être obligé de plaider à Dijon. Je demande en grâce à mes anges de me dire bien nettement à quoi je dois m'attendre. Les bontés de m. le duc de Praslin me sont encore plus chères que mes dîmes, et cependant mes dîmes me tiennent terriblement à cœur. Mes divins anges priez pour nous en ce saint temps de pâques.
Je reconnais la bonté de mes anges à ce qu'ils font pour Pierre Corneille, je crois qu'on peut donner quelques exemplaires à le Kain, et qu'on ne peut mieux les placer, quoique dans mes remarques je condamne quelquefois les comédiens qui mutilent les pauvres auteurs.