1758-03-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean de Linant.
Quand je lis vos vers séduisants
Je ressemble aux vieilles coquettes
Qui n'osant plus avoir d'amants
Baissent leurs yeux et leurs cornettes;
Mais si quelque jeune galant
Parle d'amour en leur présence,
Adieu sagesse, adieu prudence,
La rage d'aimer leur reprend.

La rage des vers ne me reprend pas tout à fait, monsieur, je me contente de sentir le mérite des vôtres. Il est plus aisé que vous ne le dites, de faire entendre raison à mes Suisses de Lausanne. Il y a Suisses et Suisses: ceux de Lausanne diffèrent plus des petits cantons que Paris des Bas-Bretons.

Je reviendrai aux Délices le plus tôt que je pourrai pour faire ma cour à madame d'Epinai. Ne m'oubliez pas auprès du grand philosophe votre pupille.

V.