1758-01-08, de Marie Louise Denis à François Tronchin.

Je n'ai point de vos nouvelles n'y de celles de Madame Tronchain Monsieur et je m'en enuie beaucoup.
Je compte toujours sur votre amitié. J'ai pris la liberté de vous adresser une petite caisse par la diligence de Berne qui arrive demain à Geneve pour vous prier de la faire remettre au docteur Tronchain. Elle contient deux petits magots de Saxe faits pour arrêter des papiers sur un burau. Je vous serais bien obligée Monsieur de faire débaler la caisse et de lui faire mettre ces deux magots sur son burau sans qu'ils sache d'où ils vienent.

Nous n'avons encor fait qu'une seulle répétition. Nous attendons Mr Darmanche qui ne doit arriver que le 12. J'imagine que nous serons en état de jouer ver le vingt, mais nous ne serons bien en train que dans le mois de février. Nous sommes désollés Mon cher ami de ne pouvoir espérer de vous y voir et Mme Tronchain, c'est précisément devant vous que j'aurais du plaisir à prononcer des vers. Nous commensons par Iphigenie, j'y joue Clitemnestre.

La santé de Mon Oncle va tout doussement pour la saison. Il ne se porte jamais si bien ici qu'aux Delices. J'espère que nos petis spectacles lui feront du bien mais le plaisir de vous revoir est bien audessus. Nous aimons nos amis des Delices passionément et sur tout vous. Rendez nous Monsieur une petite partie des sentimens qui nous attachent à vous pour la vie.

Denis