1758-01-05, de Marie Louise Denis à Théodore Tronchin.

Mon cher ami nous vous aimons en 58 comme en 57, c'est à dire de tout notre cœur.
Mr l'abbé de Nicolai me flate que nous vous verons avec mme Depinai les premiers jours de février. Nous ne serons bien en train de vous amuser que dans ce temps là, car nous attendons encor mr Darmanche qui doit arriver ver le 10 de ce mois.

Nous aprenons la victoire de Mr de Richelieu sans aucun détaille; j'espère que nous en aurons par la poste prochaine. Mais batre les anovriens ce n'est pas encor batre le roy de Prusse.

Mon oncle après avoir lu l'article de Geneve en a été inquiet, trouvant que Dalember l'avoit sité très mal à propos, mais il m'a dit, je n'écrirai pas sur cela une pense d'a que notre ami Tronchain ne me le dise. Soiez bien sûr que quel que miracle que vous puissiez faire en faveur de l'humanité, vous ne ferez jamais de cure si singulière que celle de mon Oncle sur cet article, tous ses amis jus qu'à vous y avoient échoué. Vous avez des remèdes pour l'âme aussi souverains que pour le corp.

Adieu Mon cher ami, conservez nous votre amitié et ne doutez pas des tendres sentimens qui nous attachent à vous pour la vie.

Denis

Le ménage Constant va toujours à merveille, et dites après cela que je n'ai pas la main bonne.

Mon Oncle est un peu malingre depuis quel que jours. Cette saison ne lui est pas favorable.