1758-08-19, de Marie Louise Denis à Charlotte Sophia van Aldenburg, countess of Bentinck.

Par Mon Calcul Madame j'espère que mon Oncle sera à vos pieds avant le 27 quoi qu'il ne me mende rien de positif sur le jour de son arrivée.
Si vous avez une de ses lettres du 12 j'en ai une du 13 où il me parle toujours des derniers jours de juillet sans me dire positivement celui où je dois l'attendre. Mon projet est toujours de partir mardi prochain, mais comme les chemins sont difficils je coucherai chez le baron de Prangein et je n'arriverai que mercredi à Lauzane. Je serai enchantée d'avoir l'honneur de vous y voir, de vous aider dans votre Ermitage de Monrion à l'arrenger, et sur tout de vous enmener viste aux Delices avec mon Oncle. Vos nouvelles de Viene m'ont fait un extrême plaisir. L'impératrice est née bien généreuse puis qu'elle sait plaindre son enemi. Je souhaite pour elle qu'il exite sa Compassion, mais il a de grandes resources dans ses troupes et dans son habileté et après l'avoir attendri il pourait bien encor l'inquiéter.

Mr et Mme Darmanche ne sont partis d'ici que le 16 et s'arêteront quel que jour en chemin avant de venir à Lauzane. Je ne doutes pas qu'ils n'aient l'honneur de vous voir à leur arrivée.

Votre gaze d'or est charmente Madame, et s'est très bien conservée. Nous en résonerons à Lauzane. On en fait en France mais je ne la crois pas si belle. Je suis très Contante de votre peti Comte parce qu'il me parle de vous, et qu'il sent tout ce que vous valez. Il vous est inviolablement attaché et désire fort votre présence aux Délices. J'ai découvert qu'il a la plus belle voix du monde, il ne s'en doutait pas, je lui fais apprendre la musique de force affin qu'il puisse s'en servir.

On a de bonnes nouvelles de Louisbourg, on espère qu'il ne sera pas pris. Nous sommes occupés à chasser les anglais de Cherbourg où ils sont descendus au nombre de 2000. Vous savez l'Echec de Mr de Chevert contre l'avant garde des hanovriens qui passoient le Rhein, Mr de Contade devait les prendre en queux, mais ils avoient gagné deux marches sur lui. Il dit pour excuse qu'il ne sait pas Combatre contre des coureurs. Mr de Chevere a fait une retraite qu'on admire. Il a perdu en tout 600 hommes.

Je vous aporterai Madame une robe telle que vous me la demendez, et je vous ferai chercher de ces petites étoffes raiées pour des souliers. Je crois qu'il faudra les tirer de Lion. J'écrirai aujourdui sans faute pour en faire venir.

J'attands mercredi prochain avec bien de l'impascience, je sens que plus j'ai l'honneur de vous connoitre et plus je m'apreste de regrets, vous rascemblez tout ce qui fait aimer Madame, la noblesse et la simplicité, l'esprit et la bonté. Mais je me tais et je veux vous cacher une partie de ce que vous vallez. Soiez sure qu'il n'y a que vous qui puissiez l'ignorer, que l'oncle et la nièce sont à vous pour jamais, et que je mettrai parmi les époques heureuses de ma vie celle d'avoir eu le bonheur de mériter par mon attachement pour vous vos bontés dont je me glorifie.

Denis