1758-07-22, de Marie Louise Denis à Charlotte Sophia van Aldenburg, countess of Bentinck.

Je me garderai bien Madame de luter avec vous, je sens ma foiblesse, le plaisir de vous admirer et de vous entendre éteind dans mon coeur toute espesse de jalousie, et vous m'avez mis au point de vous savoir un gré infini de tous les avantages que vous avez sur moi.

Je connais assez Monsieur Halier pour être sûre que vous serez tous deux enchantez l'un de l'autre. Son âme est belle, sa conversation charmente. Il mérite en tout point sa grande réputation.

Vous ne me parlez point assez Madame de Monrion et de tout ce qui vous environe. Je vous plains fort de voiager par un si cruel temps. Je vous attands avec la plus grande impascience mercredi prochain 26 de ce mois. Je me flate que vous nous donnerez quel que temps. Si j'ai l'honneur de vous voir souvant je sens que je perdrai bien vite la bonne opinion qu'on vous a donné de moi, n'importe. Vous me trouverez bonne femme. Soiez contante d'être aimée, je le serai beaucoup de mériter de votre côté un peu de retour. Si les alemendes étoient comme vous il n'y a point de femme qui ne voulût l'être. Mon Oncle m'écrit de Strasbourg. Il partait le 15 pour Manem, il me demende si vous êtes arrivée. Il enviera bien le plaisir que j'aurai de vous posséder aux Delices. Pour moi je serai bien glorieuse si je peux vous déterminer à l'attendre.

Je vois souvant Mr Dalbaret. Il est aimable et très bonne compagnie. Je ne doute pas qu'il ne se rende aux Delices à votre arrivée. Aimez un peu ceux qui l'habitent Madame, vous y serez libre comme chez vous, et puis que vous n'aimez pas les complimens j'ai le courage de les suprimer la première dans nos lettres. Jugez par là de la vérité de mes sentimens et de l'envie que j'ai de vous plaire et de mériter vos bontez. Ma soeur partage cette façon de penser et vous attands avec la même impascience que moi mercredi 26.

Denis