ce 5 janvier [1755] de Prangein
Je n'attandais pas moins Monsieur de votre amitié de m'avoir envoié Monsieur Tronchain.
Je vous en ai la plus vive obbligation, mais j'ai éû plus de peur que de mal, sa vue seulle étoit bien capable de me guérir. Cet accès de fièvre assez vif n'a eu nulle suite et si je ne me porte pas si bien qu'à l'ordinere je ne m'en prands qu'à la Rigoeur du temps. Nous avons ici la bise de la première main, et il en fait une terrible depuis deux jours. Je n'ai pas besoin d'un pareil temps pour regreter Geneve, puis que j'aurais l'honneur de vous y voir. Nous ne songeons actuelement à rien qu'à nous chaufer, ce temps ci renouvelle à mon Oncle sa siatique, il se tient tranquilement dans son appartement, qui est fort chaud. Pour moi je désire la belle saison dans l'espoir de vous assurer moi même des sentimens qui m'attachent inviolablement à vous pour ma vie.
Denis
Mon Oncle est aussi pénétré que moi de votre amitié et vous fait mille tendres complimens.