de Prangein ce 29 10bre [1754]
Je suis bien flatée Monsieur de l'intéres que vous prenez à cette conversation que j'eus l'honneur d'avoir avec vous.
Il est bien doux pour mon Oncle et pour moi d'avoir un ami tel que vous et cette raison seulle me donneroit une grande envie de me rapprocher de Geneve.
Cependand je Crois qu'il seroit àpropos de n'en point parler encor au Conseil. Je n'oserais vous engager à une pareille démarche sans avoir pressanti Mon Oncle. On lui offre plusieurs maisons dans ce païs ci à louer pour quelque temps. Il me paroit ne vouloir prendre aucune résolution que la saison ne lui permette de voir par lui même. Je ne doute pas que les approches de Geneves ne le tentent davantage et je vous suplie en grâce de garder votre bonne volonté pour ce temps là. Nous avons trois ou quatre mois devant nous pour prendre une résolution. Je suis persuadée que vous aurez toujours assez d'amis dans le Conseil pour que le temps d'en parler ne soit indifférand. Adieu Monsieur, je voudrais pouvoir vous exprimer Combien je suis sencible à votre amitié et vous prouver le tendre et inviolable attachement avec le quel j'aurai l'honneur d'être toute ma vie
Monsieur
Votre très humble et très obbéissente servente
Denis
Je vous suplie de faire passer cette lettre à Monsieur votre frère, et de me permettre de vous mender ce qui se proposera affin de pouvoir agir sûrement.