de Prangein ce 18 janvier 1755
Je vous rands mille grâces Monsieur de la robe de chambre que vout m'avez envoié, elle est arrivée fort àpropos pour les étreines et pour le frois que nous avons essuié.
J'ai fait tennir à Messieurs Gabriel Lulin et Rillet cent soixante et neuf livres qu'ils sont chargés de vous remettre. Je vous suplie de vouloir bien les envoier à Mme de Fleurieux à qui je les dois pour l'emplete de cette robe, je vous en serai très obbligée.
Nous sommes toujours au coin de notre feu en attendand la belle saison. On nous offre des maisons de campagnes de tous cotez, mais Monsieur votre frère a fort envie de nous raprocher de lui, et si cela est possible, nous nous l'aisserons faire avec grand plaisir.
Comment sommes nous auprès de qui vous savez? Je suis désolée qu'il veuille toujours nous tennir Rigoeur, car je m'étais accoutumée à l'aimer même avant de le connoitre, et j'ai senti que sa vue ne pouvoit qu'augmenter mes sentimens pour lui: je ne lui connais que le tort de ne point aimer un grand homme que j'aime de tout mon cœur et de mettre un peti obstacle à l'envie que j'aurais eu de nous fixer à Lion, mais il faut prendre son parti, et vous assurer par écrit puis que je ne puis faire mieux de l'inviolable attachement avec le quel j'ai l'honneur d'être
Monsieur
Votre très humble et très obbéissente servente
Denis