à Lausane 24 [x^bre 1757] au soir

Je viens mon cher monsieur d'expédier sûrement la lettre de son Eminence à qui je vous supplie de faire agréer mon respect, mon zèle, et mon empressement à lui obéir.

Je reçois dans ce moment des nouvelles du roy de Prusse et de mad^e la markgrave du 12 x^bre par un officier principal de la maison de mad^e de Bareith en qui elle a une grande confiance. La victoire du Roi de Prusse n'est pas si décisive qu'on le disait. Il n'a point Breslau. Les autrichiens sont rassemblez sous Swednitz. Il y aura encor du sang répandu, et celuy qui préviendrait tant de calamitez par une bonne paix serait le bienfaicteur du genre humain. Le roy de Prusse écrit à sa sœur qu'il est bien las de tant de carnage et de cette barbare gloire.

Je vous souhaitte la bonne année. Il me manque de la santé et des baguettes dorées. Je vous devrai les baguettes. Si vous les adressez à m^r Cathala, ayez la bonté de lui recomander de me les faire parvenir.

Bon soir mon cher ami.

V.