Rœtha, 6 septembre 1757
Je sais, monsieur le duc, qu'on ne vous a pas mis dans le poste où vous êtes, pour négocier; je suis cependant très persuadé que le neveu du grand cardinal de Richelieu est fait pour signer des traités, tout comme pour gagner des batailles.Je m'adresse à vous par un effet de l'estime que vous inspirez à ceux qui ne vous connaissent pas même particulièrement. Il s'agit d'une bagatelle, monsieur, de faire la paix, si on le veut bien. J'ignore quelles sont vos instructions; mais, dans la supposition qu'assuré de la rapidité de vos progrès, le roi votre maître vous aura mis en état de travailler à la pacification de l'Allemagne, je vous adresse m. d'Eickstedt, dans lequel vous pouvez prendre une confiance entière. Quoique les événements de cette année ne devraient pas me faire espérer que votre cour conserve encore quelques dispositions favorables pour mes intérêts, je ne puis cependant me persuader qu'une liaison qui a duré seize années, n'ait pas laissé quelques traces dans les esprits; peutêtre que je juge des autres par moi même, quoi qu'il en soit, enfin je préfère de confier mes intérêts au roi votre maître plutôt qu'à tout autre. Si vous n'avez, monsieur, aucune instruction relative aux propositions que je vous fais, je vous prie d'en demander et de m'informer de leur teneur. Celui qui a mérité des statues à Gênes, celui qui a conquis l'île de Minorque, malgré des obstacles immenses, celui qui est sur le point de subjuguer la Basse-Saxe, ne peut rien faire de plus glorieux que de travailler à rendre la paix à l'Europe. Ce sera, sans contredit, le plus beau de vos lauriers. Travaillez y, monsieur, avec cette activité et cette promptitude qui vous font faire des progrès si rapides, et soyez persuadé que personne ne vous en aura plus de reconnaissance que, monsieur le duc, votre fidèle ami
Federic