1757-09-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Élie Bertrand.

Plus la robe dont vous me parlez monsieur est salie ailleurs, plus la vôtre est pure.
Je conseille aux gens en question de faire laver la leur. Mais je ne gâteray pas la mienne en me frottant à eux. La robe royale est plus dangereuse encore, elle est trop souvent ensanglantée. S'il y a quelque nouvelle touchant les barbaries du meilleur des mondes possibles vous me ferez grand plaisir de soulager un peu ma curiosité.

Vous ne me parlez point de la réponse que vous m'aviez annoncée dans votre précédente. Je vous demande en grâce de me dire si elle paraîtra; et en cas qu'elle paraisse je vous supplie instamment de faire ajouter que je n'ay aucune connaissance de cette dispute, historique et critique, et que la lettre qui m'est attribuée dans le mercure de France et sur la quelle cette dispute est fondée n'est point du tout conforme à l'original. Ce que je vous dis est la pure et l'exacte vérité; en un mot, n'étant point de la paroisse je ne dois pas entrer dans les querelles des curez.

Je suis très fâché de la destitution de mr de Paulmi, plût à dieu qu'il fût resté en Suisse. Il aurait écrit des lettres intelligibles et agréables.

Mille tendres respects à Monsieur et made de Freydenrick. Si vous voyez Monsieur l'avoier Steiger, je vous supplie de luy dire que made de Fontaine luy fait ses compliments et que je luy présente mon respect.

Je vous embrasse mon cher philosophe du meilleur de mon cœur.

V.