1757-10-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Nous allons donc meubler la maison du Chêne à Lausane grâce à vos bontez mon cher monsieur et à celles de Mr Camp.
En attendant nous marions un des fils du général Constant avec la belle mademoiselle Pictet et nous unissons Lausane à Geneve.

On prétend icy qu'un comte de Gotter est arrivé à la cour de la part du roy de Prusse. Cette nouvelle excite un peu ma curiosité. On ne m'en écrit rien de Paris et je ne reçois d'Allemagne que des lamentations. Il serait difficile qu'un envoyé de Prusse fût à la cour, et que la personne qui a en vous tant de confiance n'en sût rien. Mandez moy je vous prie ce que vous aurez pu en aprendre.

Que Laleu paye en octobre ou en novb cela est bien égal, mais si les anglais restaient trop longtemps sur nos côtes le trésor royal et l'hôtel de ville pouraient ne pas payer si bien. Il est bon d'avoir quelque chose d'assuré, quand on se trouve transplanté en pays étranger. Vous m'avouerez que si j'avais placé tout mon bien en Prusse comme on me le proposa, je ne meublerais pas si proprement la maison du Chêne. Bonsoir monsieur, l'oncle et la nièce sont à vous pour jamais comme de raison.

V.