1755-09-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Élie Bertrand.

Je vous envoye mon cher Monsieur le premier exemplaire qui sort de la presse. Je vous prie de vouloir bien en faire parvenir un à Monsieur le banderet Freydenrik aussi bien qu'à Monsieur l'avoyer Steiger et à Monsieur l'avoyer Tiller. Je vous demande bien pardon de la peine que je vous donne mais j'ay cru que ces petits hommages ne pouvaient passer par de meilleures mains. Il y a aussi si vous le permettez un exemplaire pour monsieur Tshifely, secrétaire de votre consistoire. Il m'a écrit une lettre qui fait voir baucoup de savoir, un bon esprit, et un bon cœur. Je le crois votre ami à tous ces titres.

J'ay cru devoir imprimer ma lettre à Jean Jaques dans les circomstances présentes.

Vous savez peutêtre monsieur que le conseil de Geneve à engagé celuy de Lauzane à faire rendre par Bousquet l'original du mémoire calomnieux de Grasset; il me parait nécessaire qu'on en soit informé à Berne. Maubert son complice est parti, dit on, pour aller faire imprimer la rapsodie infâme dont il espère de l'argent. Quel capucin!

Je me recommande à vos bontez.

Ve

Je crois enfin que malgré tous mes maux je partirai dans quelques jours pour Montrion. Puissai-je avoir assez de santé pour venir vous embrasser.