1756-12-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Antoine Noé Polier de Bottens.

On m'avait tué un peu trop tôt mon cher amy.
Mais j'en suis très aise puis que ce bruit m'a valu des choses si touchantes de votre part. Je vois qu'on ne connaît bien ses vrais amis qu'après sa mort. Je ressuscite exprès pour vous dire que je veux vivre pour jouir d'une amitié aussi vraie et aussi prétieuse que la vôtre. On avait tué aussi notre St père le pape. Je ne sçais si le parlement de Paris l'aurait regretté. Il ira à Castelgandolfe, et je n'iray qu'à Monrion. Mais je vous y verrai et je serai aussi heureux qu'un pape. Madame Denis est aussi touchée que moy de vos bontez.