1er décemb [1756]
En vous remerciant, en vous remerciant toujours mon cher correspondant.
Madame Denis a trouvé du parmesan. Ainsi vous voilà délivré du fromage. J'ay plus à cœur la culture de vos terres. Messieurs Payant de Marseilles m'ont mandé que Mr de la Pere leur avait adressé pour moy une caisse de graines d'Espagne. Leur lettre est du 12 novembre. Ils prétendent avoir adressé le jour même cette caisse à m. Fabron à Lyon. Elle doit être arrivée et elle se recommande à vos bontez. Vous êtes peutêtre plus à portée que Mrs Fabron de la faire tenir à Geneve. Vous pouriez aussi rembourser le port à m. Fabron.
Je crois qu'on exagère baucoup quand on dit qu'il y a dans Lyon quinze mille ouvriers en étoffes qui manquent d'ouvrage et de pain. Mais je crois qu'on a raison de dire que les avantures de la Saxe ont fait grand tort à la ville de Lyon. Les querelles des rois étendent les ravages bien loin. Peutêtre vaudrait il mieux laisser dormir son argent dans ces circonstances, que de le hazarder dans la circulation. Je m'en raporte à votre prudence et à vos bontez pour votre concierge. Madame Denis et moy nous vous embrassons de tout notre cœur.
V.