ce 26 [November 1739]
Eh bien mon cher amy vous avez donc employé les cent vieux louis, soit.
Tout ce que vous faites est bien et vidit quod esset bonum, et est bonum d'avoir 3000lt de rente de plus. Il faudra un peu pâtir cette année 1740, mais aussi si dieu permet que je vive, je vivray à mon aise.
J'ay laissé deux tasses de porcelaine montées avec leurs soucoupes chez m. le duc de Richelieu. Peutêtre les aura t'on laissées dans la chambre et en ce cas vous pouriez les faire redemander par un billet à son concierge dans la maison du temple; ou bien vous les avez, et en ce cas je vous supplie de me les envoyer par le coche. Je vous prie d'y joindre un énorme pot de pâte liquide que vous enverrez prendre chez Provost, rue St Antoine, et un très petit pot de pomade de cocombre. Belles commissions encore! Quatre bouteilles d'esprit de vin, et puis c'est tout, et pardon.
A L'égard de l'affaire du sr Collens, je persiste dans mon idée qu'il faut m'en tenir uniquement à me faire rembourser de l'argent que j'ay avancé, compter votre voiage uniquement pour une partie de plaisir qui n'a pas trop coûté, et engager Collens à se charger du remboursement de la façon que je le propose.
Toutte l'affaire est tellement embrouillée que Collens peut encor me demander de la fausse déclaration, parce qu'il a un billet de moy écrit à son correspondant de Valenciennes par lequel je chargeois mon valet de chambre de la déclaration dont Collens est l'unique cause. Il pourait se servir de cette lettre. Je gagnerois le procez, au moins je le croi, mais il seroit encor désagréable de le gagner.
Il faut donc qu'il y ait entre luy et vous un compromis bien net avant que je fasse rien icy; considérez je vous prie qu'il parait que les tablaux luy apartiennent, et que si je payois encor le rachat des tablaux, il pouroit les revendiquer. Il pouroit dire, J'ai au moins moitié dans tout, et je ne dois rien payer du rachat, au lieu que si vous l'engagez à convenir (par écrit) que vous avez prêté, avancé 1800 florins ou environ pour le total des tablaux, que ces 1800 florins doivent vous être remboursez préalablement à tout, il fait une chose très juste, et il finit toute discussion.
Mais je n'iray pas moy donner encor icy deux mille livres au moins pour hazarder de les perdre encore. Je recule tant que je peux; mais je ne peux pas différer toujours. Il faut finir; le pis aller sero[it] d'abandonner le tout aux commis, pour les 300 flo[rins] de taxation, et que vous gardiez l'argent que vous aurez touché des autres tablaux vendus à Paris.
Gardez toujours à tout événement l'argent qui proviendra de la vente de ce qu'il a emporté et que vous pourez toucher; car il peut très bien arriver que cecy tourne fort mal. Je n'avanceray pas un sou à Bruxelles sans avoir un billet de Collens qui me réponde de ce que j'ay déjà avancé. Cela me parait si simple que je n'y vois aucun prétexte de refus. Voylà bien du verbiage. Je me tais et je vous embrasse.