ce 9 [January 1740] au soir
Mon cher abbé je reçois votre lettre du six, et je n'ay point entendu parler de celle où vous m'avez mandé l'état de mon frère.
Voylà tout terminé par le retour de sa santé. Je vous prie de me renvoyer la lettre par laquelle je vous priois de prendre les arrangemens de famille convenables en cas d'accident.
Quant au testament je ne doute pas que vous ne soyez informé de ce qui en étoit avec votre prudence ordinaire, sans me comettre, et sans marquer que je pusse avoir sur cela quelque inquiétude. Au reste il seroit très désagréable que mes neveux eussent à me faire ma part. Ce seroit à moy ce semble à faire la leur, et madame Dennis s'avance trop quand elle dit qu'elle me laisseroit maîtresse du tout. Il y a des mineurs au nom des quels elle ne pouroit stipuler; elle ne pouroit me céder ce qu'on auroit donné à ces mineurs, et assurément je la laisserois jouir de ce qu'on luy auroit donné.
Je vous prie de donner à Darnaud soixante livres de ma part, sans luy rien promettre de plus, sans le décourager aussi, sans luy lire ma lettre, sans entrer avec luy dans aucun détail. Donnez luy seulement cet argent, assurez le de mon amitié, dites luy que j'ay reçeu sa lettre qu'il m'a écritte enfin au jour de l'an, et que je l'en remercie quoyque j'aye eü un peu de peine à la déchifrer.
Les deux tasses en question avec leurs soucoupes sont elles retrouvées? Pouriez vous par même moyen mon cher abbé retrouver Les deux plumes d'or à manche d'Ebène qui étoient dans une petite écritoire à portefeuille? Si cela est aisé ayez la bonté d'y songer, sinon cela n'est bon qu'à négliger.
Je suis bien paresseux. Je n'ay encor écrit ny à mr de Leseau, ny à mr d'Auneuil; mais c'est un petit devoir dont je vais m'acquiter.
Eh bien voylà la lotterie remise au 31.
Bonsoir mon cher amy.
V.