ce 14 [August 1738]
Mon cher abbé en réponse à vos deux lettres reçues à la fois.
1º le billet qu'on vous a présenté est une simple prière conçue en ces termes, Je vous prie de donner au porteur la somme de . . . pour mon compte. Il n'y a ni valeur reçue ny rien d'équivalent. Ainsi je crois que vous ne devez répondre autre chose sinon que vous refusez d'accepter cette prétendue lettre de change. On ne peut vous assigner, vous n'êtes pour rien dans cela et si on vous assignoit ce seroit un coup d'épée dans l'eau: et pour moy, il faut m'assigner à Cirey et je répondray.
Ayez la bonté de donner à l'envoyé de mr Tiriot l'argent qu'il vous demandera. Cela va je crois à quatre ou cinq louis.
Voulez vous bien m'envoyer un bâton d'ébène long de deux pieds ou environ pour servir de manche à une bassinoire d'argent? Je suis un philosophe très voluptueux.
Je vois que les affaires sont dans une situation à pouvoir laisser les 20000lt à mr Michel.
Au chevalier de Mouhi cent francs pour une planche d'estampe qu'il promettra livrer.
Dix écus pour les nouvelles par luy envoyées.
S'il veut 200lt par an à condition d'être mon correspondant littéraire et d'être infiniment secret, volontiers. J'aurois mieux aimé mon Darnaud mais il n'a pas voulu seulem͞t apprendre à former ses lettres.
V.
Je vous prie d'envoyer ou de vouloir bien porter ce mémoire à Mr l'abbé Trublet, rue de Guenegaud, pour être inséré dans le journal des savants.