1737-12-29, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bonaventure Moussinot.

Je viens mon cher abbé de me faire informer de cette terre de Spoy.
Elle est en décret. Je sçais assez ce qu'elle vaut. Si on pouvoit l'avoir pour moins de cinquante mille livres, on ne risqueroit rien, au contraire. Il est vray qu'il faudrait payer pour 13 mille livres de droits, mais avec cela se seroit encor bien placer son argent. Elle sera adjugée aux requêtes du palais au ier mars. La quarantaine est ouverte. Parlez de cette terre à mr Camuzat et dites moy ce qu'il en pense, et si mr Destaing y songe pour luy.

En cas que Mr d'Estaing y songe, je luy propose de s'en acomoder avec moy à vie.

S'il n'y songe pas et qu'elle ne coûte que 50 mille livres je veux bien l'acheter. Mr Michel sera prié de garder mon argent jusqu'au premier mars, ce sera toujours 2 mois d'intérest de gagnez.

Les 6000lt et tant de livres, dus par mr Clemens serviront à compléter le payement, et je croi que je trouverai aisément à emprunter de quoy payer les droits. Parlez en donc à mr Clement mon cher ami. On me dit àprésent que la terre poura bien coûter 60000lt. En ce cas il faudra emprunter. J’écriray à mr le Texier pour cela.

Mr Camusat vous mettra aisément au fait. Il faudra charger un procureur d'enchérir pour mon compte à l'inventaire de cette terre. C'est une chose importante et digne d'occuper votre esprit plein de ressources et de sagesse. Mr Camuzat vous dira ce qu'il estime la terre.

Je vous souhaite la bonne année.

Apropos un louis d'or vite aux étrennes à ce grand garçon Darnaud. Dites luy que je n’écris à personne mais que je songe à luy. Je vous embrasse.

Voylà bien des articles qui exigent réponse,

l'afaire du prince de Guise
la terre de Spoy
les nièces
les petits achats
les livres.

Que je suis incomode!