Je reçois mon cher abbé votre lettre du trois [de ce] mois.
Vous devez avoir reçu ma lettre du 2, avec le mémoire Concernant la terre de Bouillé Menard etc.
Le balot de Joinville est arrivé à bon port, comme je vous l'ay mandé.
Mr le marquis du Chastelet a fait mettre dans un fourgon les petites bagatelles que vous avez bien voulu luy donner pour moy.
Il a aporté le tome de l'année 1734 de l'académie, ainsi je vous prie de ne le point acheter.
Mais pour la chimie de Boerhave je vous prie d’âcheter la plus complette et de vouloir bien l'envoyer. Je vous seray très obligé.
C'est une erreur de plume que 2900lt aulieu de 2700 que me doit mr de Richelieu au premier janvier dernier.
Vous trouverez je croy les calculs justes dans le mémoire détaillé que je vous ay adressé.
Je n'ay point reçu de lettres de Mr de Leseau, et je n'en puis recevoir puisque Mr de Leseau ne sait point mon adresse. Si vous allez à Rouen je vous prie de le voir, je suis très persuadé que vous l'engagerez à me payer. Vous avez le don de la persuasion.
A L’égard de la quittance de Mr Dauneuil qu'il croit avoir eue de moy touchant les 6 derniers mois 1735, il est d'une nécessité absolue qu'il sache comment et pourquoy j'ignore ce fait. Je dois bien savoir (dira t'il) si j'ay donné cette quittance ou non; si j'ay reçu cet argent ou non. Or ne le sachant pas, il faut donc que ce soit un autre qui ait reçu pour moy, qui ait donné cette quittance pour moy. Cet autre doit m'avoir rendu compte, donc mr Dauneuil doit présumer que ce compte m'a été rendu, que je suis instruit du fait, que j'ay reçu en effet ces 6 mois, et que je profite de l’égarement de cette quittance pour répéter une somme dont je devrois reconnaître le payement. Il est donc nécessaire que Mr d'Auneuil sache que je n'ay reçu aucun compte, que je ne suis en aucune manière instruit du fait; c'est de la bouche de Demoulin qu'on pouroit savoir si cet argent a été reçu ou non. S'il est vray que cet argent ait été payé mr Menil, notaire, doit l'avoir délivré. Demoulin doit l'avoir reçu. Il n'y a donc qu’à s'adresser à mr Menil et à Demoulin, et si ny l'un ny l'autre ne s'en souviennent, ce qui n'est pas vraisemblable, il est bon que Mr Dauneuil sache que je ne suis pas plus instruit qu'eux sur cette affaire.
Il me semble qu'en fait d'intérest et d'argent, on ne peut trop mettre les choses au net, et qu'il faut tout prévoir et tout prévenir.
Je persiste à demander un petit bulletin de nouvelles à la main où se trouve le prix des actions.
Je vous prie d’écrire à melle d'Asilly en droiture, les lettres me seront plutôt rendues. Je vous demande toujours un secret profond sur mes affaires et sur mon séjour.
Je vous embrasse de tout mon cœur. Je vous prie de faire mettre cette lettre à la boete.
V.
ce 5 [June 1737]