ce 17 [or 20] avril [1737]
J'ay reçu mon cher abbé votre lettre du 8 avril, ou 9, car le cachet a emporté le chiffre.
J'ay envoyé à Joinville chercher ce ballot que vous m'aviez mandé devoir y être arrivé. Il doit en effet être parti le premier avril, cependant c'est aujourduy le 20, et rien n'est arrivé.
Je vous prie d'envoyer au coche de Joinville savoir ce qu'est devenu le ballot, pour le sr Ferrand à Cirey, par Joinville.
Je vais envoyer aussi à Bar sur Aube chercher l'autre ballot à l'adresse de made de Chambonin, et je ne fermeray ma lettre que quand j'en auray des nouvelles.
Je vous demande bien pardon du détail fatiguant de touttes ces petites commissions, mais il faut avoir pitié des campagnards.
Si on a oublié de mettre dans les deux ballots que j'attends, un ballot de plumes pour [les meubles] et trois brosses pour froter le parquet, [je vous] prie d'en faire souvenir le commission[aire que] vous voulez bien charger de ces achats.
Ce commissionaire m'achêtera aussi, si vous le voulez bien
des cisaux de poches très bons
deux petites pinces de toilette pour femme mais il ne faut pas de ces petites pinces du quay de Gesvres, mais de celles qu'on vend rue st Honoré, elles coûtent je croi vingt ou 24 sous.
Voylà bien des détails dont je suis honteux. Passons à d'autres. Monsieur l'abbé de Breteuil est venu icy. Il cherche des estampes pour son apartement. S'il m'en restoit une demi douzaine d'assez jolies, vous me feriez plaisir de Les luy envoyer de ma part. Il faudroit qu'elles fussent de grandeurs à peu près égales. Vous auriez la bonté d'y joindre un petit mot de lettres par le quel, vous luy diriez, qu'ayant recomandé qu'on luy présentât de ma part les estampes qui me restent vous n'avez trouvé que celles là, et qu'il est suplié de vouloir bien les accepter.
Pinga dit partout qu'il vend mes effets, et cela [fait] un baucoup plus mauavis effet que tout ce [que] je vends. Je me flatte mon cher amy que vous [me] gardez mieux le secret sur touttes mes petites afaires. Vous avez dieu merci toutes les bonnes qualitez.
Venons àprésent aux affaires véritables.
Mr le p. de Guise, me doit trois années à peu de chose près, d'une rente de 2500lt.
Mr de Lesau de Rouen trois années et plus, d'une rente de 2300lt.
Mr de Goebriant quatre années et plus d'une rente de 540lt.
Il faut absolument se faire payer de Mr de Guise, et de Mr de Leseau. Ainsi après la première lettre écrite à ces messieurs, il faut en écrire une seconde, en ces termes
M,
Sachant Le besoin pressant où est Mr de sur le quel on a fait plusieurs saisies, je me trouve dans la nécessité indispensable de vous suplier de vouloir bien luy acorder un promt payement, et afin que doresnavant ces détails ne vous soent plus importuns je vous prie de permettre de m'adresser à tel de vos fermiers que vous voudrez choisir.
Sur la réponse ou le silence de ces mess[ieur]s nous verrons quel party on on poura prendr[e.]
Mr le marquis du Chastelet, a dû acheter pour moy deux vestes brodées; je vous prie de luy en compter l'argent. S'il avoit payé Penel, je vous prie de luy rembourser aussi cette somme.
Comme nos lettres sont trop longtemps à parvenir par la voye dont nous nous sommes servis jusqu'à présent, je vous prie d'oresnavant, d'écrire, à madame d'Azilly à Cirey, et de ne jamais rien mettre dans vos lettres qui fasse voir trop clairement que c'est à moy que vous écrivez. Je me trouve très bien de mon obscurité. Je ne veux avoir de commerce de lettres avec personne, et être ignoré de tout le monde hors de vous que j'aime de tout mon cœur.
Reçu le ballot de Bar sur Aube.
Point de nouvelles de celuy de Joinville.