1756-11-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg.

Ah madame je ne compte point sur les russes.
Qui les payerait? Mais s'ils veulent se payer par leurs mains ce seront de chers barbares. Dieu aide et bénisse Marie Térese, mais je vois contre elle au printemps, 150 mille courtvétus de prussiens, trainant après eux les saxons pour leur faire la cuisine, je vois les hanovriens, les hessois et des guinées. Il fallait avoir mieux pris ses mesures. Touttesfois j'espère encor en la providence. Le dernier mémoire de Salomon avec pièces justificatives en impose baucoup. Il faut luy opposer des succez. Les raisons ne donnent pas un pouce de terrain. On m'a envoié bien des papiers. Tous sont inutiles. Vivons doucement, prions dieu pour Marie, vous, votre amie, et moy. Si vous savez quelque chose souvenez vous de l'hermite qui vous est attaché jusqu'au tombau.

V.