1757-12-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Vous savez sans doute que la ratification de la capitulation de Stade n'arriva de la cour à M. le maréchal de Richelieu que le douze novembre.
Les hanovriens se sont crus en droit de ne la pas tenir surtout après la belle avanture de l'armée de Soubize. Mr de Linar ne signifia à M. de Richelieu que le 28 la rupture totale. Les hanovriens hessois avec les brunswikois qui se laissent entraîner, étaient le 28 à Harbourg, au nombre de trente huit mille hommes et M. de Richelieu n'en avait encor que trente mille. On parle d'un corps de dix mille prussiens qui vient renforcer encor l'armée ennemie. La saison est dure pour les français, le danger grand, l'absense de Chevert triste, l'exemple de L'armée de Soubize funeste.

Illiacos intra muros peccatur et extra.

Me la markgrave me mande du 29 qu'elle ne croit pas qu'il reste un français en Allemagne dans six mois. Elle peut se tromper, et son frère aussi. De tous côtez la crise est violente. Bon soir mon cher ami.

V.