à Ferney 20 avril 1762
Monseigneur,
Monsieur et madame Dargental m'apprennent que vous avez bien voulu vous intéresser au rétablissement d'un ancien officier d'artillerie, qui a grande envie de tirer sur les Russes, Anglais, Hanovriens, Hessois et Prussiens.
Je n'ay pas osé vous solliciter, mais j'ose vous remercier. La reconnaissance enhardit.
Je jette avec douleur les yeux sur la terre et sur la mer, et sur le téâtre de Paris. Je voi que les Russes et l'opéra comique feront du mal. Je lève les yeux au ciel dans ma douleur profonde.
Je souhaitte que nos grenadiers, et nos marins vous donnent de beaux sujets d' ultimatum, car quand il s'agit d'un traitté de paix, ce sont leurs sabres qui taillent vos plumes.
Vous connaissez monseigneur le respect infini du Suisse V. et sa discrétion qui l'empêche de vous fatiguer de ses inutiles lettres. Il fait mille voeux pour tous les succez que vous méritez.