1756-07-06, de Voltaire [François Marie Arouet] à Sébastien Dupont.

Mon cher ami, il est vrai que l'homme en question s'est conduit avec ingratitude avec ma nièce et moy qui l'avions accablé d'amitiez et de présents.
J'ay été obligé de le renvoier. Je ne me suis jamais trompé sur son caractère et je sçai combien il est difficile de trouver des hommes.

Je vous avoue que j'en prendrais bien volontiers un de votre main, mais j'ay toutte ma famille auprès de moy, et un très grand nombre de domestiques, de sorte qu'il ne me reste pas un logement à donner. Made Denis vous fait les plus tendres compliments. Je vous prie mon cher ami de ne nous pas oublier auprès de mr et de me de Klinglin.

Je vous plains toujours d'être à Colmar et en vous regrettant je me sais bon gré d'être aux Délices. Je ne connais en vérité d'autre chagrin que celui d'être séparé de vous. Vous avez une femme aimable, de jolis enfans. Soyez heureux, s'il est possible de l'être. Je vous embrasse tendrement.

V.