aux Délices 22 mars 1756
J'apprends qu'on a imprimé une centaine de vers d'un poème sur Lisbonne, qui en contient environ deux cent cinquante.
J'aprends qu'on a imprimé un ancien poème sur la loy naturelle fait pour le roy de Prusse il y a trois ans, et que cet ouvrage est plus défiguré encor que celui de Lisbonne.
Je serai obligé mon cher Lambert de publier ces deux ouvrages tels que je les ai faits et tel que je les corrige tous les jours. J'ay déjà jetté dans le feu quatre épreuves du poème sur le désastre de Lisbonne. J'en use ainsi avec tout ce qu'on imprime sous mes yeux parceque je ne suis jamais content de moy. Jugez donc si on peut faire une bonne édition de mes œuvres quand je ne peux revoir les épreuves. Plût à dieu que vous eussiez voulu vous entendre avec les frères Crammer, ou que j'eusse pu conduire votre édition dans Paris. Ne me sachez donc point mauvais gré d'une nécessité malheureuse, et si vous voulez faire votre édition conformez la à celle de Geneve qui sera la seule vraie et la seule bonne. Je vous embrasse et je ne demande qu'à vous être utile.
Un libraire de Lyon m'a demandé l'histoire de la guerre de 1741. Je lui ai répondu que si jamais je la donnais à un libraire de France, ce ne serait qu'à vous.