à Monrion 18 [March 1756]
Je vous assure que c'est très sérieusement que je veux et que je dois payer ce qu'il vous en a coûté pour imprimer cette ébauche d'un supplément, que j'ay eu la faiblesse de donner avant que L'ouvrage fût achevé.
Vous savez d'ailleurs messieurs les frères aimables qu'il y a un prêtre pour paitri et un frère pour père dans ce supplément. Autant vaut refaire le tout que de donner des cartons.
Il y a encor une autre faute qui exigera un carton dans les mélanges.
J'ay vu l'avis que vous avez publié sans me le communiquer. Je crains que l'annonce de la préface de la Henriade ne déplaise à l'auguste auteur qui m'honore souvent de son souvenir. Entre les rois et les prêtres il faut marcher un peu serré. Il y a dans cet avis une faute qui donne une idée peu avantageuse de l'exactitude de votre presse. Vous avez mis on peu pour ont pu.
Il n'est pas probable que vous ayez une permission de faire entrer votre livre en France. Je vous l'ay dit cent fois. Lambert a eu grand tort de ne pas s'entendre avec vous, et de faire une édition quand vous en faisiez une. Il aura la préférence auprès du ministère. Vous l'aurez auprès des lecteurs. Mais la difficulté sera d'avoir des lecteu[rs]. Je suis affligé pour vous.
L'histoire générale ne sera pas sujette à ces inconvénients. Mais il vous restera sur les bras un grand fatras d'œuvres mèlées.
Je compte aller à Geneve, c'est à dire à ma solitude près de Geneve. Samedi, je corrigerai l'épreuve des lamentations de Jeremie sur Lisbonne. J'indiquerai les cartons nécessaires, je ferai un errata. Colini s'y entend bien tout florentin qu'il est. Il faut qu'il travaille. Valete et me amate.
V.