à Monrion 25^e [February 1756]

Je sui ssensiblement affligé que les musulmans nous traittent de chiens.
Mais ils ont raison car les téologiens de touttes les sectes ont fort aboié.

Je doute des 280 m^lt comptant, et je les souhaitte.

Je doute encor plus d'une descente en Angleterre. Ce sont ceux qui sont supérieurs en vaissaux qui font les descentes.

Je voudrais pouvoir travailler dès à présent à ce siècle, mais il est sous la clef à nos Délices. Puisque je suis en train de douter, je doute que les prêtres soient contents de certains sermons. C'est pourquoy je tiens qu'il est bien nécessaire qu'ils paraissent dans la foule des mélanges où ils seront confondus. S'ils courent isolez, on sera excomunié. Je n'ay certainement envoié Lisbonne à personne dans Geneve. Je doute encor baucoup que les deux frères à qui je m'intéresse tendrement tirent bon party du fatras de mes œuvres mêlées. Je leur répète encor qu'ils attendront longtemps.

Peut être l'histoire générale leur sera plus utile, parce que du moins il y a quelque chose de nouvau.

Je remercie de tout mon cœur celuy des deux frères qui m'a fait le prédicateur de M^r de Mont Pérou. Il m'a fait un vrai plaisir.

Si on pouvait empêcher que notre Lisbonne ne courût Genève ce serait encor une bonne action.

J'embrasse de tout mon cœur les deux frères et fais mille compliments à toutte la famille.