à Monrion 15 février [1756]
Je vous enverrai le plustôt que je pourai tout ce que vous demandez.
Je vous plains baucoup mon cher Crammer de vous être chargé de tout ce fatras. Vous voulez, dites vous, faire vite un peu d'argent, vous en ferez peu à la vérité, mais très lentement. Mon séjour dans votre pays n'aura produit que l'avanture de Grasset. J'ay toujours cela sur le cœur, et j'y joints le chagrin de vous être inutile. Je présume et je dois présumer que vous vous gardez bien de nommer pour auteur de la préface l'un de ces deux personages qui ont pris la peine de m'écrire quand vous étiez à Monrion.
Mille compliments à toutte votre famille et à ceux qui daignent se souvenir de moy. Je crois bien que vous vous êtes amusé à Monrion, mais moy vieux malingre je n'ay pas vos amusements.
Je vous embrasse.
V.
Vous savez les nouvelles décorations du téâtre de made de Pompadour.
Voicy enfin tout ce qui peut compléter votre édition des œuvres mêlées. Les discours sur Lisbonne et sur la relligion naturelle peuvent paraître très hardiment. Je vous prie de les communiquer à mr Tronchin Boissier. C'est l'homme du monde dont j'ambitione le plus le suffrage. Faites luy je vous prie mes tendres compliments.
Je devrais remercier en vers mr votre frère. Je devrais faire quelque critique de puriste d'académie sur son quatrain qui m'honore trop. Mais ce n'est pas à moy d'avoir l'impertinence d'arranger les lauriers dont il me forme une couronne.