1756-01-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à — Durand.

C'est avec un extrême plaisir, Monsieur, que je vois les progrès de votre Journal.
Je vous supplie de me mander par quelle voye je peux vous envoyer le payement de la souscription de l'année. On m'a dit que mr Rousseau, Citoyen de Genêve, qui est actuellement à Paris, travaille avec vous à cet ouvrage utile. Je vous en fais mon compliment à tous les deux. Je suis ici dans une petite solitude presque sans livres et éloigné de mes papieres. Si jamais je trouve sous ma main quelque chose que vous vouliez honorer d'une place dans votre recueuil, je me ferai un vrai plaisir de vous l'envoyer, mais vous n'aurez pas besoin de ce secours. Si vous avez l'inscription arabe dont vous parlez, je vous serais bien obligé de me la faire tenir. Au reste, Monsieur, je n'ai que des grâces à vous rendre, mais le Public vous aura encor plus d'obligation que moi. J'ai l'honneur d'être bien véritablement, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire