aux Délices prês de Genêve 4 avril 1755
Nous avons eu, Monsieur, celui qui a fait vos plaisirs à Dijon.
Il m'a fait presque oublier mes maux. Les vieux magistrats de Genêve sont venus L'entendre dans ma retraite, et La sévérité de Calvin a cédé au plaisir; ç’en serait un bien grand pour moi de vous voir ici, car je désespère de pouvoir venir à Dijon cette année. Accablé de maladies et d'ouvriers je suis continuellement occupé à me faire un assez joli tombeau, mais j'ai bien peur qu'il ne soit trop long à faire. On n'a point ici les mêmes secours qu'en France; on éxécute mal et lentement. Je vous supplie, Monsieur, de permettre que je présente ici à Monsieur le Premier Président de La Marche les assûrances de ma tendre et respectueuse amitié. C'est avec ces sentiments que j'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur
Voltaire