à Monriond près de Lausanne 28 xbre 1755
Je reçois, Monsieur, un paquet qui m'est adressé à Genêve avec une lettre signée d'un nom qui m'est depuis longtemps bien prétieux.
Je crois ne me pas tromper, Monsieur, en pensant que la lettre est de l'illustre mr Haller Président de l'université de Gœttingue et sénateur dans sa Patrie. Je me le persuade d'autant plus que vous paraissez en rélation avec mr le Cat Chirurgien qui a de la réputation en France, et qui fait gloire d'être instruit par vous. Les déclamations ingénieuses du Livre qu'on m'envoye, ne valent pas une bonne vérité physique, telles que vous en savez trouver. Je compte passer une partie de mon hiver dans une petite maison assez commode que j'ai prise auprès de Lausanne. J'espère que ma santé qui est déplorable me permettra de venir faire un tour à Berne au printemps, et vous ne serez pas, Monsieur, le moindre objet de mon voyage; j'aime trop votre patrie pour ne pas souhaiter qu'elle vous possède toujours; il n'y a point d'établissement préférable à celui d'homme libre qui est honoré chez lui.
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur
Pardonnez à un malade s'il n'a pas l'honneur de vous écrire de sa main.
Voltaire gentilho͞e orde du roy de