1755-12-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Philibert Cramer.

Puisque vous imprimez des sermons, mon cher Monsieur, je n'ai plus rien à désirer.
Je ne dois plus me mêler des choses profanes. Cependant cette maudite édition de Jean Nourse m'obligera de mettre en ordre l'Histoire véritable. C'est une affaire qu'il faut réserver pour mon retour dans votre voisinage. Malheureusement toutes ces éditions multipliées dégoûte le Public: je crains surtout beaucoup, comme je vous l'ai toujours dit, pour celle des Oeuvres mêlées. Quelque peine que je me donne pour la rendre plus complette que les autres, vous ne pourez vous en défaire que très-difficilement. Il faudra vous armer de courage et de patience. L'Histoire universelle et un autre ouvrage que je finis actuellement, autant que ma mauvaise santé peut le permettre, seront peut-être d'un débit plus aisé et plus prompt. Je voudrais être assez heureux pour vous être utile: je vous réponds au moins de ma bonne volonté, et des sentiments qui m'attachent à vous, Monsieur, et à toute votre famille.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

V.