A Paris, le 20 7bre 1755
En arrivant, Monsieur, de la campagne où j'ai passé cinq ou six jours, je trouve vôtre billet qui me tire d'une grande perpléxité: car ayant communiqué à M. de Gauffecourt, nôtre ami commun, vôtre Lettre et ma réponse, j'apprends à l'instant qu'il les a lui-même communiquées à d'autres, et qu'elles sont tombées entre les mains de quelqu'un qui travaille à me réfuter et qui se propose, dit-on, de les insérer à la fin de sa critique.
M. Bouchaud, Aggrégé en Droit, qui vient de m'apprendre cela, n'a pas voulu m'en dire davantage; de sorte que je suis hors d'état de prévenir les suites d'une indiscrétion que, vû le contenu de vôtre lettre, je n'avois eue que pour une bone fin. Heureusement, Monsieur, je vois par vôtre projet que le mal est moins grand que je n'avois craint. En approuvant une publication qui me fait honneur et qui peut vous être utile, il me reste une excuse à vous faire sur ce qu'il peut y avoir eu de ma faute dans la promptitude avec laquelle ces Lettres ont couru sans votre consentement ni le mien.
Je suis avec les sentiments du plus sincère de vos admirateurs, Monsieur &c.
P. S. Je suppose que vous avez receu ma réponse du 10 de ce mois.