1755-05-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Pardon mon cher ange, nous ne savons pas précisément la demeure de Corbi et nous vous supplions de luy faire tenir cette lettre.
Il est très certain que Grasset n'est qu'un prête nom, que c'est à Paris, qu'on a fabriqué les additions à cet ancien poème, que c'est à Paris qu'elles courent, et qu'on veut les imprimer, que des protecteurs de Corbi les ont eues, que Corbi ne les a obtenues que par eux, et qu'en un mot Corbi peut faire baucoup de mal, en les publiant, et baucoup de bien en s'opposant à l'édition. Vous devez avoir un paquet par mr Bouret. Je vous prie de donner à mr de Tibouville cet âne honnête, en attendant que je sois en état de refaire la fin du quatrième acte de la tragédie, et le commencement du cinquième. La pièce tomberait dans l'état où elle est. Il faut qu'elle soit digne de votre goust et de votre amitié, mais pour cela il me faut santé et repos d'esprit. Je n'ay ny l'un ny l'autre. Si vous avez quelque gros paquet à me faire tenir je vous prie de l'adresser chez mr Bouret.