1763-07-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jeanne Grâce Bosc Du Bouchet, comtesse d'Argental.

J'ay pris la liberté d'envoyer des paperasses à mes anges, attendu qu'on ne peut pas toujours envoier des tragédies.
J'ay recours à leurs bontez en prose et en vers.

Il est question vraiment d'une affaire considérable. Si monsieur Dargental veut seulement jetter les yeux sur le précis de ma requête au roy en son conseil il verra de quoy les prêtres sont capables. Je ne sçais comment m'y prendre pour faire parvenir par la poste un si énorme paquet à mr Mariette. Pardon encor une fois mes divins anges si je vous importune à ce point. N'y a t'il pas toujours un contresigneur chez m. de Courteilles? ce contresigneurne peut il pas avoir la bonté de faire tenir ces pièces à l'avocat quand vous luy aurez fait dire un petit mot?

Si vous êtes contents du quatrième et du cinquième actes, je vous supplie de vouloir bien me renvoyer les trois premiers que je vous dépêcherai sur le champ.

Je vous ai mandé que j'ai obéi à vos ordres en écrivant à mr Douet. Mais comme je vous ay écrit par m. le duc de Pralin qui est à Compiegne mon paquet ne vous sera pas si tôt parvenu.

Je crois qu'on peut faire quelque chose de mes roués. Etes vous de cet avis? savez vous qu'il est horriblement difficile de trouver des sujets et de faire du neuf? Vous voyez: je suis obligé de revenir à Rome, après avoir fait le tour du monde.

Respect, tendresse et pardon.