aux eaux de Roll en Suisse par Geneve 26 juillet [1766]
Je vous importunay mes anges par ma dernière lettre en faveur d'un Balessert qui en effet a du mérite.
Je vous suppliai de daigner luy procurer une audiance de Monsieur le Duc de Choiseuil; mais aujourdui je crois devoir vous prier de n'en rien faire. Je viens d'apprendre que la moitié de Geneve a publié un libelle contre l'autre, que même on manque violemment de respect dans ce libelle à Monsieur L'ambassadeur de France. J'ignore de quel parti est ce Balesser mais il me semble que dans les circomstances présentes, et au point d'aigreur où sont les esprits, je ne dois pas compromettre vos bontez. Monsieur le duc de Choiseuil est lassé et indigné de touttes les manœuvres des génevois, et je ne voudrais pas que vous eussiez à vous reprocher d'avoir présenté un homme dont peutêtre on serait mécontent. Je retire donc très humblement ma requête. Mais je persiste toujours à vous conjurer de me faire avoir au moins le précis de la consultation des avocats en faveur des Polieuctes et des Nearques. Je vous envoye un petit extrait des dernières nouvelles d'Abbeville. Vous serez attendris de plus en plus. J'attends le petit paquet en toile cirée, adressé à Meirin par la diligence de Lyon. La tragédie des langues coupées, etc. m'intéresse plus que celle des roués; ou plustôt après tant d'horreurs je ne m'intéresse à rien.
Nous prenons des eaux en Suisse madame du Pui et moy. Elles ne nous feront nul bien mais au moins ces eaux ne sont pas en Picardie. Je suis gonflé d'horreur.
Respect et tendresse.
V.