29 juillet [1763]
Mes divins anges, vous n'aurez pas de tragédie nouvelle par cette poste.
Vous n'aurez pas même de changements pour la tragédie des Roués par ce qu'il vaut mieux que je vous la renvoye avec touttes les corrections que j'aurai imaginées et avec celles que vous m'aurez indiquées.
Je prends toujours la liberté de vous adresser des paquets pour frère Damilaville. Il y a des choses concernant mes petites affaires, des mémoires pour notaire et pour mon procureur. Je suis forcé de prendre ce tour par ce que mr Mariette, l'avocat des Calas, n'a pas reçu une lettre de change que je luy avais envoyé avec un mémoire imprimé. L'imprimé a été saisi et la lettre de change avec luy. On ne sait plus comment faire. On coupe les vivres à l'âme,a comme on coupe les bourses.
Vous devez avoir reçu sous l'envelope de M. le duc de Pralin une grande lettre acompagnée encor d'un paquet pour frère Damilavile. J'ay cru que vous permettriez que j'usasse de vos bontez jusqu'à ce que j'eusse pris d'autres mesures. Depuis la lettre de Jean Jaques à Christophe il me paraît qu'il y a une inquisition sur les lettres. Je vous demande pardon de mon importunité mais je n'ay pu faire autrement. Vous pouvez aisément donner ordre qu'on remette au suisse de M. de Courteille le paquet de M. Damilaville qui est de son bureau.
J'oubliais de vous dire que j'ay écrit à mr Douet le fermier général une lettre aussi affectueuse qu'on en peut écrire à un homme qu'on ne connaît point du tout.
Mes anges j'attends que vous me mandiez si vous pensez qu'on puisse faire quelque chose de mes rouez.
Respect et tendresse et pardon pr les paquets.