1755-01-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Monsieur,

J'ai lu par hazard dans les gazettes de Lyon du 11 xbre l'affiche d'un petit carosse à l'italienne à trois glaces, doublé de soie, doré, bien suspendu etc. chez le sieur Bertrand, maître sellier.
Vous marquez tant de bonté pour un pauvre étranger malade, que j'en abuse. J'ose vous supplier de vouloir bien vous faire informer si ce petit équipage est toujours à vendre, et de quel prix il peut être; s'il est de votre goust, il sera absolument du mien; et en ce cas je vous supplierais de vouloir bien me l'envoyer à Genêve.

Si cet équipage est vendu, et qu'il y en ait quelqu'autre de commode, je me recommande encor à vos bontés. Quand je cherche des équipages, Monsieur, vous sentez bien que je cherche des moyens de venir vous voir, et d'admirer la ville de Lyon une seconde fois. On me flatte à présent d'une maison assez agréable à portée de Messieurs vos frères. Ce serait une grande consolation pour moi en attendant que je puisse avoir l'honneur de venir vous dire à quel point je serai toute ma vie

Monsieur

Votre très-humble et très obéissant serviteur

Voltaire