à Prangin 2 janvier 1755

Monsieur Fleur n'ayant point reçu le ballot que M^r Lambert mande luy avoir adressé, m^r Lambert est prié de vouloir bien donner des nouvelles positives de ce ballot, de tâcher de le retrouver, et de vouloir bien le renvoyer chez madame Denis.
Il est prié aussi de renvoyer dans la même maison, tous les livres in folio et in 4. qu'il avait bien voulu se charger de faire vendre. Les domestiques de madame Denis se chargeront d'envoyer tous ces livres par les rouliers. On aime bien mieux encor les faire venir que les vendre. Si M^r Lambert a tiré de la bibliotèque les autres livres qu'on luy avait demandez pour les adresser à m^r Fleur, il est encor prié de remettre dans la bibliotèque ces livres qu'on fera venir avec les autres. Cela épargnera à m^r Lambert des fatigues et des peines dont on luy est très obligé mais dont on serait très fâché de le surcharger.

M^r de Voltaire et madame Denis le prient très instament de vouloir bien seulement finir cette affaire, de s'informer du ballot qu'il dit avoir envoyé à m^r le banquier Fleur à Bezançon, et d'en donner des nouvelles sur les quelles on puisse compter.

On luy a envoyé par le carosse de Strasbourg il y a deux mois le siècle de Louis 14 avec baucoup d'additions. On luy a envoyé le 29 x^bre par la poste quelques nouvaux changements dans une lettre. On luy en fera encor tenir d'autres, dans la supposition qu'il réimprime cet ouvrage, ainsi qu'il l'avait mandé.

On voudrait savoir sur quoy compter et ne se pas donner des peines inutiles. On avait travaillé avec baucoup de soins à assembler les matériaux d'une édition des œuvres mêlées sur les empressements que M^r Lambert avait témoignez pour faire cette édition. Mais comme il l'a interrompue après l'avoir commencée, on ne peut plus compter sur luy.

On avait de même travaillé à la véritable histoire universelle, et on se faisait un plaisir de gratifier m^r Lambert de ce manuscrit, mais on n'a point eu de ses nouvelles. On aurait été plus content de savoir à quoy s'en tenir sur tous ces objets que de recevoir de m^r Lambert un plan du triumvirat dont on ne se soucie point du tout. On le remercie de cette petite attention, mais on le remercirait davantage s'il était exact en affaires.