1755-01-24, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Robert Tronchin.

Je me conformerai à vos vües mon cher monsieur avec d'autant plus de plaisir qu'elles me mettront dans une correspondance plus vive avec Monsieur votre frère.
Je le prierai de payer mr Marc Chapuy et les autres puisque vous le voulez bien régler ainsi. Ma santé détestable m'obligera de raprocher mon corps, du docteur, et mon cœur sera toujours très près de tous les Tronchins.

J'ay [eu] l'honneur de vous écrire touchant un petit carosse à l'italienne qu'on dit être à vendre chez le sellier Bertrand. S'il est à bon marché, s'il est bon et commode, je vous prie de vouloir bien me le procurer. J'enverrais un cocher avec deux chevaux le prendre à Lyon, ou un voiturier pourait L'amener à Geneve; ou s'il se trouvait à Lyon deux bons chevaux à vendre, je vous prierais de m'envoier le carosse et les chevaux, le tout en cas que la chose fût facile, et qu'elle ne vous coutast point d'embaras. Je vous demande pardon de vous importuner mais à qui peut on s'adresser qu'à ses amis?

J'ay toujours oublié de vous demander si vous aviez reçu la veille de mon départ une caisse assez large et légère contenant quelques habits chargez d'oripau. Ce sont vanitez de la cour des rois qui ne conviennent point à la simplicité de vos mœurs et de ma philosofie. Je présume que le porteur du palais Roial à qui je confiai ces guenilles dorées les aura portées chez vous.

Quelles nouvelles extravagantes on m'a mandé de Lyon touchant mr Du Pleix!

Adieu monsieur, je vous suis tendrement attaché pour ma vie.

V.