ce 15 10bre [1754] de Prangein
Bon dieu que tous les Tronchains sont aimables, et que nous vous sommes obbligés de nous les avoir fait connoitre.
Nous avons été reçus à Geneve à merveille, on a même eu l'attention de nous garder les portes de la ville jusqu'à six heures edemi, ce qui ne se fait pour personne. Mais ces messieurs ont eu la politesse de dire qu'ils tenoient toujours leurs portes ouvertes au mérite. Mlle de Choisi est venue monsieur me voir de votre part, elle m'a fait tous les offres possibles de service. Je conviens du meilleur de mon cœur que nous vous avons bien des obbligations, et que nous sommes très fâchés d'être si loin de vous. Mon oncle vous aime passionément et nous vous regretons tous deux bien sincèrement.
J'écris à mme De Fleurieux et à l'abbé Pernetti. J'espère les revoir cett hyver dans cette belle ville où il nous ont donnez tant de marques de leur amitié.
Mlle de Choisi se plaint de ce que vous ne venez presque plus à Geneve; mais nous nous plainderions bien plus qu'elle si vous ne veniez pas nous rechercher dans le païs de Vaux comme vous nous l'avez promis au mois de juillet. Adieu monsieur. L'oncle par dessus tous les maux que vous lui connoissez a une grosse fluction sur la joue. Cependant il a pris un appartement qui n'est pas sur le lac et qui commence à être chaud.
Adieu. N'oubliez pas vos hermites et comptez sur leur tendre amitié.
Denis
Nous sommes partis trop tost de Lyon mon cher monsieur, il fallait attendre que vous n'y fussiez plus. Madame Denis est devenue garde malade ambulante, et moy je suis un perclus qui court la prétentaine. Je soufre baucoup et je suis plus sensible à vos bontez qu'à mes maux. Je ne puis accuser la nature puisqu'elle a fait des cœurs comme le vôtre.
Le major Rock chez qui je n'ay pu aller sort de chez moy. Il a vu Mandrinà Nyon. J'espère avoir bientôt cet honeur.
Adieu cœur noble et tendre. J'ay pris la liberté de vous adresser par mr Tronchin. Mes remerciments à Monsieur le marquis de Rochebaron et à madame. On ne peut les voir sans les respecter, et les quitter sans être attendri. Je vous suplie de les assurer de ma vénération et de ma reconnaissance.
V.