de Monrion ce 7 février [1757]
Nous avons vu hyer Mlle de Rieux Mon très aimable docteur qui nous a dit que vous pouriez bien venir faire un tour à Lauzane dans quel que jours, jugez de la joie que nous en avons ressanti.
Si ce proget est réel je vous avertis que nous jouons de jeudi prochain en huit Zaïre et un peti opéra en un acte après la tragédie. Ainci je voudrais bien que vous pussiez diriger votre marche pour ce temps là et nous venir voir. Quoi que je ne puisse pas espérer de vous rendre en plaisir tout le bien que vous nous faites du moins je me flate que nous vous en donnerions un peu. Mon oncle jouera Lusignan et ce petit article est digne de votre curiosité.
On m'a renvoié d'autres pilules dont je vous suis très obbligés. Avez vous aussi daigné répondre à cette femme qui a une pituite âcre et qui vous prie d'adresser votre réponce à l'abbé Mignot, C ler au grand Conseil, rue st Antoine à Paris?
Adieu Mon cher docteur, venez nous voir, songez que tous les lits et tous les coeurs de Monrion sont à vous. Je me trouverais bien heureuse si je pouvais dans Zaire attendrir un moment votre philosophie. Adieu, l'oncle et la niècle vous sont à tout jamais tendrement attachés.
Denis
Le vieux bon homme Lusignan se met aussi de la partie, mais il ne vaut pas la Zaire. Ces tragédies là sont plus agréables que celles de Paris, où la moitié du monde est folle, et l'autre atroce. J'aime mieux ma Suisse. Je n'iray ny à Petersbourg où l'autocratrice m'appelle, ny à Berlin dont le despote m'a écrit une lettre bien touchante. J'aime mieux mon docteur malgré son consistoire.
le suisse V.