1757-03-25, de Marie Louise Denis à Henri Louis Lekain.

Je suis désollée Monsieur de vous apprendre une mauvaise nouvelle que vous savez peut être.
Ma soeur me mende que vous Comptez nous venir voir à pasque aux Delices, je le souhaite de tout mon coeur mais je ne l'espère pas àmoins que Mr de Richelieu ne se soit laissé fléchir depuis que nous lui avons écrit. Il a répondu à Mon Oncle à votre suget qu'il ne pouvoit vous accorder de Congé pour cette année par ce que vous en aviez pris un l'année passée sans permition. Mon Oncle lui a récrit une seconde lettre à ce suget dont j'attendais toujours la réponce, affin de vous en faire part, mais cette réponce n'est point venue et je ne sçai où en sont vos affaires, dont je suis très fâchée.

Je me suis beaucoup amusé cet hyver. Nous avons joué la comédie tout l'hyver, nous avons donné sep représentations. Mon Oncle a joué quel que fois avec nous. Il y a bien du talent dans cette ville et vous auriez été étonnée de la façon dont Zaire, Fanim, pièce que vous ne Connoissez point encor, et l'Enfant prodigue ont été rendus. Tous les acteurs ont du talent et de la chaleur. Adieu Monsieur, je n'espère pas de vous voir cet année dont je suis désolée, non seulement pour jouir de votre talent dont je fais tout le cas possible, mais pour voir votre personne à qui je serai toute ma vie bien sincèrement attachée. Vous Connoissez mon amitié pour vous et jamais le temps ne poura l'altérer.

Denis