1756-02-12, de Marie Louise Denis à François Tronchin.

Vous avez raison Monsieur, nous avons mené une vie bien déresonable.
Nous ne sommes seuls à Monrion que d'aujourdui, je veux un peu remettre l'ordre dans la maison d'autant plus que mon Oncle ne se porte pas trop bien. Je voudrais que nous pussions faire un peti voiage aux Délices. Nous avons un cheval malade qui retardera peut être nos progets. Notre aimable et illustre docteur conduit actuelement la santé de ma soeur, elle me mende qu'elle vient de lui récrire. Je vous suplie de l'engager à lui répondre sur le chant. Elle est dans un état inquiétant. Je voudrais qu'il pût la mettre en état de nous venir joindre au printemps. Pour lors elle seroit sous ses yeux, et il pouroit la tirer d'affaire. J'en suis dans une inquiétude mortelle. J'aime bien mieux votre médiation que de lui écrire. Il voudroit me répondre et je lui ferais perdre des moments précieux à l'humanité. Tâchez seulement de savoir de lui ce qu'il pense de l'état de ma soeur. Je vous en serais très obbligée. Je soupire après le moment de vous rejoindre. Où en est la tragédie? Bondieu que j'ai de choses à vous dire! que j'aime les Délices par les personnes qui les environent! Adieu, l'oncle et la nièce vous aiment tendrement.

Denis